Nadine Bla, commissaire générale des Jnce: “La Vallée du Bandama regorge d’atouts et d’opportunités d’affaires qui attendent d’être saisies”
La 5e édition des Journées nationales des chefs d’entreprises se tient cette année dans le District de la Vallée du Bandama du 10 au 12 novembre. La commissaire générale décline les grandes articulations.
Vous vous apprêtez à lancer la 5e édition des Journées nationales des chefs d’entreprises (Jnce 2022) qui se tiennent cette année dans le district de la Vallée du Bandama. Pourquoi le choix de cette région ?
Effectivement, les Jnce 2022 se tiennent les 10, 11 et 12 septembre, dans le district de la Vallée du Bandama. Le choix de ce district pour ses nombreux atouts et les opportunités d’affaires qu’il offre. En effet, avec sa forte démographie estimée à plus d’un million et demi d’habitants, le district contribue à plus de 3% au Pib. Cette circonscription administrative est en outre le troisième pôle économique de la Côte d’Ivoire après Abidjan et le Bas-Sassandra. Elle dispose d’une grande variété de ressources naturelles aussi bien hydrographiques, géologiques que biologiques. C’est un véritable creuset d’opportunités qu’il convient d’explorer.
Quels sont ces atouts et opportunités dont dispose la Vallée du Bandama ?
Le district de la Vallée du Bandama est un carrefour commercial important desservi par la ligne du chemin de fer Abidjan-Niger, abritant un marché vivrier de gros de renommée régionale, une concentration assez importante d’entreprises agro-industrielles. De nombreux projets structurants sont en cours de réalisation dans cette zone, notamment une grande zone industrielle de près de 150 hectares et le Programme stratégique de transformation de l’aquaculture en Côte d’Ivoire (Pstaci) visant l’autosuffisance en protéines animales par la production de plus de 500 000 tonnes de poissons par an. Aussi, après une décennie difficile (2002 à 2011) qu’a connue cette zone géographique de la Côte d’Ivoire du fait de la crise militaro-politique, le tissu économique a été profondément mis à mal.
Depuis le changement de régime, la région est en renaissance, présentant de réelles opportunités de reconstruction dans tous les secteurs phares, notamment dans l’agriculture, l’halieutique, l’industrie minière. La Vallée du Bandama est également une référence culturelle, touristique et artisanale, l’artisanat constituant la base du tourisme dans cette région. Enfin, notons que la région abritera plusieurs rencontres de la Can 2023 qui se tiendra en janvier 2024 en Côte d’Ivoire. L’organisation de cette compétition offre une importante aubaine aux entrepreneurs dans plusieurs secteurs notamment la restauration, l’hébergement, le transport, le tourisme, le bâtiment, les travaux publics. Ainsi, les chefs d’entreprises pourraient se servir de cette lucarne qu’offrent ces journées pour asseoir les bases qui leur permettront de répondre efficacement aux nombreuses sollicitations liées à cette importante compétition africaine.
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Chacune des éditions précédentes des Jnce ne concernaient qu’une seule région à la fois. Cette édition s’ouvre aux districts et donc plusieurs régions à la fois. Qu’est-ce qui motive cette évolution du format ?
L’Etat de Côte d’Ivoire a adopté en conseil des ministres du 9 juin 2021, la création de 12 nouveaux districts ayant pour but de renforcer le maillage territorial de l’administration. Ainsi, parmi les attributions conférées aux districts, figurent l’administration des grands projets de développement, l’aménagement des investissements et la promotion des potentialités économiques et culturelles. Ces missions sont en lien avec les Jnce qui s’inscrivent pleinement dans la vision d’un développement inclusif axé sur la forte implication du secteur privé local. Notre forum tient lieu alors de cadre d’échanges pour traiter des questions liées à la décentralisation économique.
Quelle est le thème général de cette édition ?
Le thème de ces Jnce est : « La Vallée du Bandama, vers une économie régionale et internationale : rôle du secteur privé et de la diaspora ». Pour cette édition, il importe certes de ressortir la contribution du secteur privé dans le déploiement de la stratégie de développement du district, mais d’aiguillonner la diaspora ivoirienne sur l’ensemble des opportunités à saisir dans nos localités. Il s’agira également de répondre aux nombreuses problématiques des entreprises en ce qui concerne les questions de formalisation des Pme, de financement et de développement de partenariats d’affaires pouvant aider à capter des opportunités d’investissement.
A la différence des forums organisés à Abidjan, les Jnce visent dans un premier temps à drainer des chefs d’entreprises en région. Il est également question pour nous de créer une plateforme qui présente la cartographie économique de la localité qui abrite l’événement, d’informer les parties prenantes sur les dispositifs d’appui à l’investissement, d’élargir les réseaux d’influence des opérateurs économiques à travers des rencontres B to B. Enfin, il s’agit pour nous de favoriser des rencontres entre les décideurs clés des administrations publique et privée qui viennent à ce forum.
Quel est l’engouement et comment les acteurs du district s’organisent autour de l’évènement ?
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance aux autorités, aux cadres, aux acteurs du secteur privé et aux partenaires au développement qui ont donné leur accord et leur bénédiction à la tenue de l’évènement dans la Vallée du Bandama. Ce district, précisons-le, comporte deux régions que sont le Gbêkê et le Hambol. Les questions liées aux sites qui abriteront l’évènement, aux réceptifs d’accueil, aux moyens à mettre en œuvre pour la mobilisation du secteur privé ont été déjà réglées. De même que l’identification des circuits touristiques pouvant permettre aux participants de découvrir les potentialités de la région. L’événement se tiendra dans les deux régions, où deux sites seront construits.
Les actions opérationnelles que nous y avons déjà menée en prélude aux Jnce ont concerné l’organisation d’un ’’side-event‘’ en faveur des étudiants au sein de l’université Alassane Ouattara de Bouaké et des visites des sites devant abriter l’évènement. Les différentes parties prenantes tout en s’activant pour donner du succès à ces assises, ont exprimé leurs attentes en termes de redynamisation d’un secteur privé sinistré du fait de la longue crise politico-militaire qui a fragilisé le tissu économique de cette zone. Pour ce faire, nous sommes en train de travailler au sein du comité scientifique à apporter une structuration qui répond au mieux aux besoins identifiés. Nous prévoyons d’organiser une mission de travail le 11 octobre 2022 afin d’informer au mieux les opérateurs économiques du district.
Quel message voulez-vous donner aux investisseurs locaux et étrangers qui ignorent encore les opportunités existantes à l’intérieur du pays ?
Nous souhaitons que les investisseurs locaux comprennent l’essence de notre forum qui est de susciter davantage l’intérêt du secteur privé à investir dans les différentes localités de la Côte d’Ivoire. Avec l’aide des partenaires qui nous accompagnent depuis six ans, nous voulons pérenniser ce forum avec un véritable engouement des investisseurs qui aboutiraient sur des projets concrets. Les potentialités sont énormes et restent insuffisamment exploitées dans pratiquement tous les domaines de nos régions. Pour ce qui est des investisseurs étrangers, nous voulons leur dire qu’il y a énormément de places et de part de marché à prendre. Car la Côte d’ivoire fait partie des économies les plus dynamiques de l’Afrique avec un taux de croissance moyen d’un peu plus de 6,5%, dopé par d’importants investissements et un niveau élevé de consommation.
De plus, un rapport du groupe de la Banque mondiale fait remarquer que le climat des affaires s’est nettement amélioré dans notre pays offrant une place de choix en matière de facilité de faire des affaires. Toutes choses qui rendent la destination ivoirienne plus qu’attrayante. Au cours de cette édition des Jnce, les chambres consulaires étrangères sont conviées afin de créer un véritable cadre qui permettra aux chefs d’entreprises locaux et étrangers de se connecter dans la dynamique de développement des partenariats d’affaires.
Quelles seront les temps forts de ces journées ? Y a-t-il des innovations ?
Ces journées seront structurées autour de cinq principales activités : la cérémonie d’ouverture ; la conférence inaugurale sur les enjeux économiques du district hôte ; les plénières et les rencontre B to B et B to G ; la Bourse aux projets, qui est un marché de projets en attente d’investissement ou de partenariat ; et enfin le dîner gala des Arce (Awards régionaux des chefs d’entreprises), prétexte idéal pour récompenser les chefs d’entreprises ayant développé des projets d’entreprises à forte valeur ajoutée et ayant eu un potentiel de création de richesses et d’emplois au niveau local.
Les innovations pour cette édition se situent à deux niveaux : la première est de permettre à la diaspora d’être pleinement partie prenante de ces assises, d’avoir une lucarne qui lui est dédiée ; la seconde est l’invitation spéciale faite à un autre district de participer de façon officielle aux travaux, un district dont le nom sera révélé plus tard et qui présente des similitudes sur bien des aspects avec la Vallée du Bandama. Pour cette édition, nous allons aussi intensifier notre collaboration avec le Cepici dans le but de permettre aux collectivités de soumissionner et de capter de réels financements internationaux dont le Cepici est le vecteur.
La 4e édition des Jnce s’est tenue dans la région du Sud-Comoé. Avait-elle tenu ses promesses ?
Oui en effet ! Les Jnce dans le Sud-Comoé a été un succès. Nous croyons avoir été à la hauteur du challenge en termes de contenu scientifique, de mobilisation des acteurs autour de l’évènement et de la satisfaction des participants. Au niveau de la structuration scientifique, nos attentes ont été comblées dans la mesure où les thématiques abordées ainsi que les personnes ressources à même de les développer avaient été triées sur le volet parmi les plus hautes autorités de l’exécutif, du secteur privé et des partenaires au développement. Nous pouvons également saluer le travail remarquable du jury des Awards régionaux des chefs d’entreprises, qui a permis de récompenser trois lauréats parmi les champions du Sud-Comoé.
Par ailleurs, la bourse aux projets, cette plateforme dédiée aux collectivités, a permis aux maires de la région de présenter des projets innovants susceptibles d’intéresser les potentiels investisseurs. Sur le plan touristique et culturel, les participants à travers un parcours en images, ont découvert l’histoire et l’héritage du royaume Sanwi basés sur la thèse doctorale de la Grande Chancelière, le Professeur Henriette Dagri Diabaté. Une visite touristique leur a également permis de profiter du beau paysage de la localité aux attraits balnéaires. Je reste confiante que cette année, tout comme les précédentes, tiendra son pari en termes de mobilisation des autorités gouvernementales, des forces vives du district, du secteur public/privé et des partenaires au développement.
Source : Fraternité Matin