TotalEnergies devant la justice pour son méga-projet d’oléoduc en Afrique de l’Est
Assigné en justice par plusieurs ONG pour son projet pétrolier controversé en Tanzanie et en Ouganda, TotalEnergies comparaît mercredi devant la justice française. Les associations reprochent à la multinationale des manquements à son “devoir de vigilance” dans la mise en œuvre du chantier critiqué dans le monde entier pour son impact dévastateur sur l’environnement et les populations locales.
C’est un projet qualifié de “bombe climatique” par ses opposants. Après trois années de bataille procédurale, TotalEnergies doit comparaître mercredi 7 décembre devant le tribunal judiciaire de Paris.
Prévue le 12 octobre, l’audience avait été reportée à la demande des associations ougandaises et françaises, qui poursuivaient la multinationale pour les conséquences environnementales de ce projet et les violations des droits humains qui en découlent. Les ONG Survie et les Amis de la Terre réclamaient alors plus de temps pour étudier des pièces du dossier transmises à la dernière minute par le géant pétrolier et gazier.
Dans le viseur des associations environnementales, deux chantiers colossaux étroitement liés : le projet Tilenga, un forage de 419 puits en Ouganda, dont un tiers dans le parc naturel des Murchison Falls, et le projet Eacop (East African Crude Oil Pipeline), le plus long oléoduc chauffé au monde, qui traverse la Tanzanie sur près de 1 500 km, franchissant plusieurs aires naturelles protégées.
“L’oléoduc va traverser un certain nombre d’écosystèmes fragiles, le bassin du lac Victoria et, en Tanzanie, d’autres zones, notamment des zones humides et des écosystèmes protégés”, expliquait en 2021 Juliette Renaud des Amis de la Terre, l’une des deux associations françaises au cœur de la procédure. Selon l’ONG, le projet représente “une grande menace sur la biodiversité et sur les ressources en eau en Ouganda et en Tanzanie”.
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Faire taire la résistance
Devant la justice française, les opposants au projet devraient faire valoir le manquement au “devoir de vigilance” de la multinationale. Adoptée en 2017 à la suite de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza au Bangladesh, dans lequel plus de 1 100 ouvriers ont perdu la vie, cette loi engage la responsabilité des entreprises en cas de “risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, y compris lorsqu’elles sont commises par leurs filiales directes ou indirectes, en France et dans le reste du monde”.
De son côté, Total assure dans un communiqué que “son plan de vigilance est mis en œuvre de manière effective […] afin de respecter les droits des communautés locales et d’assurer le respect de la biodiversité”. Insuffisant pour le monde associatif qui demande au juge civil de condamner la multinationale à une astreinte financière jusqu’au respect de ses obligations.
Le collectif Stop Eacop, qui réunit organisations africaines et internationales opposées au projet, devrait s’appuyer sur plusieurs rapports édifiants publiés ces derniers mois, qui contredisent les bonnes intentions affichées par TotalEnergies. Selon plusieurs enquêtes de terrain, la multinationale mène avec la complicité des autorités locales des campagnes de menaces et d’intimidations envers les agriculteurs expropriés ou contraints de renoncer à exploiter leurs terres.
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Source : France 24