Côte d’Ivoire: l’ancien banquier Tidjane Thiam élu nouveau du PDCI-RDA, principal parti d’opposition
L’ancien patron du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, a été plébiscité vendredi à Yamoussoukro lors du congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition, dont il prend la tête avec la présidentielle de 2025 en ligne de mire.
M. Thiam a recueilli 96,5% des voix contre 3,2% pour son adversaire, le maire de la commune abidjanaise de Cocody Jean-Marc Yacé.
Il devient le troisième président élu de l’histoire du PDCI, fondé en 1946, après le père de la nation ivoirienne Félix Houphouët Boigny et un autre ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, décédé en août.
Après avoir rendu un “hommage appuyé à ses prédécesseurs”, M. Thiam a estimé que “le déroulement et l’issue du congrès ont honoré” le parti.
“C’est avec beaucoup d’humilité que j’accepte la responsabilité que vous avez décidé de me confier”, a-t-il ajouté.
Plus de 6.000 congressistes étaient appelés à voter vendredi dans la capitale Yamoussoukro pour élire un nouveau président pour le PDCI.
Le vote s’est tenu sans incident en fin de journée et les résultats proclamés autour de minuit. La participation a atteint 64%.
Tidjane Thiam, ancien patron du Crédit Suisse, faisait figure de favori, fort de sa notoriété internationale mais aussi du soutien d’une large majorité de députés du parti.
Ovationné à son arrivée à Yamoussoukro, il a multiplié les selfies tout au long de la journée.
Avec l’élection de Tidjane Thiam, 61 ans, un âge considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d’Ivoire, le PDCI va rajeunir son image.
“Notre nouveau président devra nous remettre en état de marche. Il devra donner plus de responsabilités aux jeunes du parti”, avait déclaré le président par intérim du parti, Philippe Cowppli-Bony, âgé de 91 ans.
“On nous a trop traité de parti de vieux. C’est positif de voir deux candidats jeunes, ça fait plaisir”, s’est de son côté réjoui Ohoueu Assi, un congressiste venu de Guiglo dans l’ouest.
Présidentielle de 2025 en vue
L’ancien dirigeant du PDCI, Henri Konan Bédié, président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n’excluait pas de se présenter à la présidentielle de 2025.
Le parti qui vise le retour au pouvoir dans deux ans, a également proposé vendredi soir de soutenir M. Thiam en vue d’une investiture pour 2025.
“2025 sera une année électorale cruciale pour notre parti nous nous devons d’être prêts. Nous devons préparer cette échéance dès demain matin”, a lancé vendredi soir, M. Thiam sous les acclamations de l’audience.
A la tête de la Côte d’Ivoire sans discontinuer de 1960 à 1999, l’ancien parti unique n’a plus accédé à la magistrature suprême depuis 24 ans lorsqu’un coup d’Etat avait chassé M. Bédié du pouvoir, un soir de Noël 1999.
“Si c’est Thiam notre candidat, ce que j’espère, on aura les capacités de revenir au pouvoir. Il peut insuffler une nouvelle dynamique”, estime Cyprien Koffi, un délégué de San Pedro (sud-ouest).
Un temps allié d’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l’opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle.
La tenue de ce congrès a été incertaine tout au long de la semaine, après un report samedi dernier par la justice ivoirienne, saisie par deux militants qui dénonçaient des irrégularités dans la liste des congressistes.
La décision pointait notamment des risques de “troubles à l’ordre public” pour justifier ce report et la police s’était déployée samedi matin pour empêcher d’accéder au lieu du congrès.
Alors que le PDCI avait reprogrammé le congrès à vendredi à Yamoussoukro, les deux mêmes militants avaient à nouveau saisi la justice, avant de finalement retirer leur plainte, jeudi soir.
Les priorités immédiates
L’ancien patron du Crédit Suisse prend les rênes d’un parti confronté à des défis complexes. Si le PDCI a su éviter l’implosion que plusieurs analystes ont prévue à la suite du décès d’Henri Konan Bédié, les défis qui l’attendent sont toutefois nombreux.
Le nouveau président du PDCI-RDA devra travailler, selon Philippe Cowppli-Boni, à l’audition de la liste électorale et à la dissolution de l’actuelle Commission électorale indépendante (CEI), mais également, “conduire le parti vers l’impérieuse victoire en 2025”.
« Parmi les priorités immédiates, Thiam doit mettre l’accent sur la consolidation de l’unité interne et la définition d’une vision claire pour l’avenir politique du parti », ajoute un membre du bureau politique, visiblement satisfait du dénouement.