Le Nigeria n’accordera des licences d’exploitation minière qu’aux entreprises de transformation locale
Le Nigeria est un pays doté d’importantes ressources minières jusqu’à présent négligées au détriment des hydrocarbures. Depuis quelques années, les autorités nigérianes essayent de corriger le tir en accordant un intérêt particulier à ces ressources dont l’exploitation ne devra se faire que dans le cadre d’une nouvelle politique imposant la transformation locale aux entreprises.
Contrairement aux pays africains qui sont restés cantonnés dans l’exportation de ressources minières brutes, sans aucune valeur ajoutée locale, le Nigeria a pris la décision ferme de n’accorder des licences minières qu’aux entreprises qui s’engagent à transformer localement leur production brute et ce afin que les importantes ressources minières du pays puissent impacter positivement le développement économique du pays.
Ainsi, seules les entreprises qui présentent des plans de transformations des ressources minières localement bénéficieront des licences d’exploitation minière, selon Segun Tomori, porte-parole du ministre nigérian du développement des minéraux solides, cité par Reuters.
Cette décision marque un changement par rapport à la politique d’exportation de matières premières menée par le Nigeria depuis des décennies, alors que les gouvernements africains prennent des mesures pour extraire davantage de valeur de leurs gisements de minerais solides.
Pour stimuler les investissements, le Nigeria offrira des incitations aux investisseurs, notamment des exonérations fiscales pour l’importation d’équipements miniers, facilitera l’obtention de licences de production d’électricité, autorisera le rapatriement total des bénéfices et renforcera la sécurité, a déclaré Segun Tomori, porte-parole du ministre nigérian du développement des minerais solides.
“En échange, nous devons examiner leurs projets d’installation d’une usine et la manière dont ils ajouteront de la valeur à l’économie nigériane”, a déclaré M. Tomori. Il n’a pas précisé quand les lignes directrices seraient finalisées ou entreraient en vigueur.
Toutefois, la semaine dernière, le ministre du développement des minéraux solides, Dele Alake, a déclaré que la politique du gouvernement consistait désormais à faire de la valeur ajoutée une condition d’obtention des licences, afin de créer des emplois et d’aider les communautés locales.
M. Alake, qui préside également un groupe de stratégie minière africaine composé des ministres des mines de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo, de la Sierra Leone, de la Somalie, du Sud-Soudan, du Botswana, de la Zambie et de la Namibie, milite en faveur d’un effort à l’échelle du continent pour tirer un maximum de bénéfices locaux de la prospection minière.
Le Nigeria, premier producteur d’énergie en Afrique, a eu du mal à valoriser ses vastes ressources minérales en raison d’incitations insuffisantes et de négligences. Le secteur minier sous-développé représente moins de 1 % du produit intérieur brut du pays.
L’année dernière, le Nigeria a exporté principalement du minerai et des concentrés d’étain pour une valeur d’environ 137,59 milliards de nairas (108,34 millions de dollars), principalement vers la Chine et la Malaisie, selon le bureau des statistiques du pays.
Le gouvernement vise à stimuler l’investissement dans le secteur en délivrant davantage de licences. Il a créé une société publique de minéraux solides offrant aux investisseurs une participation de 75 % et a mis en place une unité de sécurité spéciale chargée de lutter contre les mineurs illégaux.
Le gouvernement tente également de réglementer les mineurs artisanaux, qui dominent le secteur, en les regroupant en coopératives.
Et afin d’attirer des investisseurs étrangers, les autorités ont créé une structure publique dédiée aux minéraux solides et offre aux investisseurs étrangers la possibilité de détenir des participations pouvant atteindre 75% du capital des sociétés minières. De même, afin d’éliminer la concurrence déloyale des mineurs artisanaux, les autorités ont mis en place une unité dédiée à la lutte contre les exploitants illégaux de mines.
En contrepartie, les investisseurs doivent offrir les garanties d’une transformation locale des ressources minières qu’ils exploitent en implantant des usines et toutes les infrastructures nécessaires dont notamment
Parmi les sociétés minières étrangères présentes au Nigeria, citons Thor Explorations, basée au Canada, qui se consacre à l’exploration aurifère, Xiang Hui International Mining, détenue par des Chinois, qui s’est associée à une société locale pour traiter l’or, et African Natural Resources and Mines, détenue par des Indiens, qui construit une usine de traitement du minerai de fer d’une valeur de 600 millions de dollars dans le nord du Nigeria.