Le prix d’achat du cacao aux planteurs de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, a été fixé à 1.500 francs CFA (2,3 euros) le kilo pour la récolte intermédiaire, une hausse record de 50%, alors que les cours mondiaux flambent, a annoncé mardi le ministre de l’Agriculture.
“L’Etat de Côte d’Ivoire a décidé de servir le prix au producteur à 1.500 FCFA le kilogramme. C’est un niveau de prix jamais réalisé dans l’histoire de la filière cacao”, dans le pays, a déclaré Kobenan Kouassi Adjoumani, lors d’une conférence de presse. Cette hausse intervient au moment où les cours du cacao battent des records sur les marchés de matières premières.
Les prix du cacao ont connu une forte hausse au cours de la dernière année, en raison de maladies et de conditions météorologiques défavorables, poussant le marché mondial vers un troisième déficit successif. Le marché international est entré en ébullition au point de provoquer une flambée des prix. À la bourse de New York, le prix de la tonne de cacao est passé à 10 000 dollars USA, soit 6 087 FCFA/kg. Malgré cette tendance haussière, le prix d’achat officiel en Côte d’Ivoire n’avait pas suivi le même rythme jusqu’à présent.
Le kilo de cacao se vend actuellement trois à quatre fois plus cher
La décision d’Ouattara de fixer le prix d’achat du cacao à un niveau historiquement élevé est interprétée comme une réponse aux conditions exceptionnelles du marché, mais elle suscite également des interrogations quant à son impact à long terme sur la filière cacao en Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire vend ses fèves de cacao par anticipation et le prix d’achat est fixé par l’État. Il est ainsi moins sensible aux fluctuations du marché – à la hausse comme à la baisse — que dans d’autres pays comme le Cameroun, producteur plus modeste, où le système est libéralisé.
Face à l’envol des cours, certaines voix ont critiqué ce système en Côte d’Ivoire, arguant que dans les pays où le système est libéralisé, le kilo de cacao se vend actuellement trois à quatre fois plus cher.
“Ceux qui soutiennent cette thèse oublient que notre pays a déjà expérimenté le système libéralisé dont les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes”, a répondu le ministre Adjoumani, rappelant qu’entre 2000 et 2011, des “prix dérisoires” étaient payés aux producteurs lorsque les prix mondiaux chutaient.
Cette augmentation spectaculaire des prix est largement attribuable aux rendements insuffisants des cultures en Afrique de l’Ouest, région responsable de la production d’environ 70 % du cacao mondial, avec la Côte d’Ivoire largement en tête. Le pays produit à lui seul près de 50% de la demande mondiale.
