Blanchiment d’argent : L’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire ajoutés à la « liste grise » du GAFI
Trois pays africains font leur entrée dans la liste grise du Gafi en raison de lacunes dans leurs dispositifs nationaux de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, tandis qu’un seul s’en extirpe, selon le tout dernier bilan du Gafi.
Mauvaise nouvelle pour l’Algérie, l’Angola et la Côte d’Ivoire qui viennent grossir les rangs africains de la «mal-aimée» liste grise du Gafi. Ouf, le Sénégal s’en extirpe.
La publication du 25 octobre 2024 du Groupe d’action financière (Gafi) dresse un état des lieux mitigé des progrès réalisés par les pays africains dans le renforcement de leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Trois pays africains – l’Algérie, l’Angola et la Côte d’Ivoire – intègrent la liste grise, tandis que le Sénégal en sort, reflétant les défis persistants mais aussi les avancées notables sur le continent.
L’Algérie, l’Angola et la Côte d’Ivoire ont été inscrits sur la liste grise du GAFI, signe des lacunes stratégiques identifiées dans leurs régimes de LBC/FT. Ils rejoignent onze autres pays africains dont le Burkina Faso, présent depuis février 2021. Il y fait pour l’heure office de «doyen africain de la liste grise du GAFI».
Liste grise du Gafi: les sortants et les entrants du continent africain
Les dix autres pays ont une ancienneté diverse: le Soudan du Sud et le Mali y sont présents depuis trois ans (depuis octobre 2021), tandis que la République démocratique du Congo, le Mozambique et la Tanzanie y figurent depuis deux ans (depuis octobre 2022). Le Nigéria et l’Afrique du Sud sont sur cette liste depuis février 2023, soit 1 an et 8 mois, et le Cameroun depuis juin 2023 (1 an et 4 mois).
Le Kenya et la Namibie ont intégré la liste depuis seulement 8 mois (depuis février 2024). Une inscription qui traduit la volonté du Gafi de maintenir une pression constante sur les pays qui présentent des faiblesses dans leur système de prévention et de répression du blanchiment d’argent.
En Algérie, plusieurs améliorations sont nécessaires pour renforcer le dispositif national de LBC/FT. À commencer par la mise en place d’une véritable surveillance basée sur les risques, c’est-à-dire l’adaptation des mesures de vigilance au niveau de risques identifiés pour chaque client/opération, la garantie d’un meilleur accès aux informations sur la propriété effective des sociétés et structures juridiques afin d’identifier leurs véritables bénéficiaires. Et la révision et la consolidation du cadre juridique des sanctions financières ciblées contre les personnes/entités liées au financement du terrorisme.
Pour l’Angola, les défis à relever sont d’approfondir l’évaluation nationale des risques de BC/FT afin de mieux comprendre et prioriser les menaces, de renforcer la supervision en matière de LBC/FT des entreprises et professions non financières désignées (avocats, notaires, agents immobiliers) et d’intensifier les poursuites judiciaires dans les affaires de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
En Côte d’Ivoire, malgré l’adoption récente de nouvelles lois, des progrès restent à accomplir sur plusieurs fronts. Il va falloir améliorer la coopération internationale en matière d’échanges d’informations et d’entraide judiciaire dans les dossiers transnationaux, renforcer la supervision du secteur financier (banques, assurances, transferts de fonds) pour s’assurer de l’application effective des mesures de LBC/FT et accentuer les efforts de détection, de poursuite et de répression judiciaire des infractions de blanchiment et de financement du terrorisme.
Pour ces pays nouvellement listés, le défi sera de mettre en œuvre rapidement le plan d’action convenu avec le Gafi et les organismes régionaux. «Cela nécessitera des réformes en profondeur, un renforcement des capacités humaines et techniques, ainsi qu’une coordination renforcée entre toutes les parties prenantes», souligne le Gafi.
Un soutien technique sera apporté par le Gafi et les groupes régionaux similaires, mais la pression sera forte pour s’y conformer dans les délais impartis. En cas d’inaction, ces pays s’exposent à des conséquences économiques et financières significatives, comme des restrictions sur les transactions internationales ou un accès plus limité au financement.
Sénégal: seul sortant de la liste grise
A contrario, le Sénégal sort enfin de la liste grise. Il y figurait depuis février 2021, comme le Burkina Faso. Comme l’explique la publication du Gafi, «le Sénégal a mené des réformes d’envergure pour se conformer aux normes internationales, renforçant notamment la transparence sur la propriété effective, la supervision basée sur les risques et la coopération entre ses autorités compétentes».
Parmi les avancées majeures, le Sénégal a renforcé les capacités de sa cellule de renseignement financier, accru les poursuites judiciaires pour blanchiment et amélioré l’identification et la saisie des avoirs illicites. Le cadre juridique et opérationnel de lutte contre le financement du terrorisme a également été renforcé, conformément au profil de risque du pays.
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