Investissements

Côte d’Ivoire : vers la création d’une raffinerie d’or pour structurer le secteur de la petite mine

À l’issue d’un atelier stratégique sur la petite mine, le ministre ivoirien des Mines, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, a annoncé le lancement, d’ici fin 2025, d’un projet de société d’affinage d’or. Une initiative destinée à renforcer la souveraineté aurifère du pays tout en encadrant l’exploitation artisanale.

Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large visant à maximiser la valeur ajoutée de sa production aurifère, qui connaît une croissance spectaculaire, et à structurer l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur minier ivoirien.

« C’est l’aval qui commande l’amont », a-t-il insisté, soulignant que cette unité permettra d’améliorer la traçabilité de l’or ivoirien, d’accroître les recettes publiques et d’aligner la filière sur des standards sociaux et environnementaux plus exigeants. À terme, la certification des productions pourrait consolider la position de la Côte d’Ivoire sur les marchés internationaux.

La Côte d’Ivoire est devenue un acteur majeur de l’industrie aurifère en Afrique de l’Ouest au cours de la dernière décennie.

En 2023, le pays a produit 51 tonnes d’or, un chiffre qui a presque triplé par rapport à 2013.

Selon des données récentes, la production a atteint 58 millions de tonnes en 2024, avec une ambition affichée de 62 millions de tonnes pour 2025.

Le gouvernement ivoirien vise à doubler cette production d’ici 2028 pour atteindre 100 tonnes par an, dans l’optique de surpasser le Ghana et de devenir le premier producteur d’or en Afrique.

Cette ambition repose sur l’exploitation de nouveaux gisements, comme celui de Boundiali (découvert en décembre 2024 avec 1,59 million d’onces, soit environ 45 tonnes), ou encore le gisement de Tanda-Iguéla, qualifié de « classe mondiale », dont la production débutera en 2028 avec une capacité estimée à 11 tonnes par an sur 15 ans.

Le secteur minier, qui contribue déjà significativement à l’économie (autour de 5 % du PIB et une part importante des exportations), est devenu un pilier stratégique, alors que le pays diversifie ses revenus au-delà de l’agriculture, notamment le cacao.

L’annonce de la construction d’une raffinerie d’or d’ici fin 2025 vise à répondre à un défi majeur : la Côte d’Ivoire, comme de nombreux pays africains, exporte la quasi-totalité de son or brut pour le raffiner à l’étranger, notamment en Afrique du Sud (via la Rand Refinery), en Suisse ou en Chine.

Ce processus limite les bénéfices économiques locaux, car la valeur ajoutée génér

La raffinerie aura pour objectif principal de :

  • Capturer la valeur ajoutée : En raffinant l’or localement, la Côte d’Ivoire pourra augmenter ses recettes d’exportation en vendant un produit fini (or pur à 99,99 %) plutôt que brut. Cela inclut également la possibilité de produire des lingots ou des bijoux, augmentant ainsi les revenus.
  • Structurer la chaîne de valeur: Le ministre a mentionné que la raffinerie approvisionnera un « comptoir national », ce qui suggère la création d’un système centralisé pour collecter, raffiner et commercialiser l’or, y compris celui issu de l’exploitation artisanale (souvent informelle et sujette à la contrebande).
  • Réduire la dépendance extérieure : En suivant l’exemple de pays de certains pays africains, la Côte d’Ivoire cherche à renforcer sa souveraineté économique sur ses ressources naturelles. Actuellement, des pays comme les Émirats arabes unis (Dubaï en tête) captent une grande partie de l’or africain via des réseaux de contrebande, une pratique qui prive les États de recettes fiscales et alimente parfois des activités illégales, comme le financement du terrorisme.
  • Créer des emplois et stimuler l’économie locale : On peut donc anticiper un impact économique significatif, notamment via la formation de compétences locales et le développement d’industries annexes (bijouterie, stockage, etc.).

La Côte d’Ivoire s’inscrit dans une tendance régionale où les pays producteurs d’or en Afrique de l’Ouest cherchent à transformer localement leurs ressources.

Les pays africains veulent contrôler leurs ressources et limiter les flux clandestins. Une étude de Swissaid (mai 2024) révèle qu’au moins un tiers de l’or africain est exporté illégalement, souvent via Dubaï, qui absorbe 80 à 85 % de l’or artisanal du continent.

La Côte d’Ivoire, en structurant sa filière aurifère, pourrait non seulement augmenter ses revenus, mais aussi améliorer la transparence et la traçabilité de sa production.

La raffinerie d’or prévue pour fin 2025 marque une étape importante pour la Côte d’Ivoire dans sa quête de maximisation des bénéfices tirés de son secteur aurifère en plein essor.

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