Interview/Sécurité routière : État des lieux et perspectives
Les efforts conjoints des différentes structures du ministère des transports impliquées dans la lutte contre l’insécurité routière portent peu à peu leurs fruits. En témoignent, les statistiques routières qui sont de moins en moins macabres depuis deux ans. Africa O’clock s’est intéressé de plus près à la question à travers une immersion à l’Office de Sécurité Routière (OSER).
Sécurité routière : Des chiffres alarmants
Selon une enquête récente commanditée par le ministère des transports, 40% des véhicules en circulation en Côte d’Ivoire échappaient au contrôle technique en 2019. Aujourd’hui encore, malgré les mesures drastiques prises par le ministère pour lutter contre cet incivisme des usagers, l’on dénombre plus de 400.000 véhicules en circulation qui ne suivent pas rigoureusement la visite technique sur un parc automobile comptant deux millions de véhicules environ.
Il en résulte un nombre important d’accidents de la circulation recensés chaque année. En effet, la Côte d’ivoire enregistre en moyenne 12.000 accidents chaque année qui occasionnent 1500 morts et 22.000 blessés[..], selon des statistiques routières publiées dans le document stratégique de sécurité routière (2021-2025).
Par ailleurs, selon les dernières statistiques de l’OSER , 90% des accidents sont d’origine humaine. Bien que l’état de vétusté du parc automobile ivoirien en soit également l’une des raisons, l’on relève cinq principales causes que sont :
- La méconnaissance du code de la route ;
- Le défaut de maîtrise du véhicule ;
- L’imprudence du conducteur et/ou du piéton ;
- La vitesse excessive et l’excès de vitesse;
- Les stationnements dangereux.
Les actions mises en oeuvre par le ministère des transports
Depuis plusieurs années, l’État de Côte d’Ivoire a mis en place une série de mesures, notamment le décret n°2017-792 du 06 décembre 2017 portant limitation de l’âge des véhicules importés afin de rajeunir le parc automobile ivoirien. Les résultats observés depuis plus de trois ans témoignent de l’efficacité de ces mesures. En effet, en 2021, les statistiques publiées par l’institut national de la statistique (INS) révèlent que 20.192 véhicules neufs ont été vendus par l’ensemble des concessionnaires présents sur le marché ivoirien, soit une hausse de 49% par rapport aux ventes de l’année précédente (13.523). En réalité, le nombre de véhicules neufs vendus est sur une pente ascendante depuis bien plus longtemps. Il n’était que de 12.000 environ en 2019 soit une hausse de 17% par rapport à l’année 2018 selon la même source.
Cette embellie a permis de réduire l’âge moyen des véhicules en circulation qui était de 22 ans en 2017 à 17 ans en 2022.
Aussi, le Ministère des transports a-t-il présenté et lancé en septembre 2021, la stratégie nationale de sécurité routière (SNSR) adoptée par le gouvernement de Côte d’Ivoire qui s’adosse sur 04 axes majeurs:
- l’engagement citoyen de tous pour la sécurité routière
- l’efficience de la riposte,
- l’anticipation des nouvelles technologies au service de la sécurité routière,
- le renforcement des dispositions légales.
Quatre mois après ce lancement et le déploiement d’un important dispositif de sensibilisation et de contrôle des usagers de la route, le Ministre des Transports annonçait une baisse des tués de 44% par rapport à l’année 2020.
Dans cette dynamique, le ministère des transports, à travers l’OSER a mis en place plusieurs actions basées sur la sensibilisation, la formation des acteurs et la répression. En ce qui concerne la sensibilisation, l’OSER a ainsi opté pour une communication de proximité en s’appuyant tant sur des délégations régionales et les comités locaux de sécurité routière mises en place à la suite de l’adoption de la stratégie nationale de sécurité routière. L’OSER se veut au plus près des populations dans ses campagnes de sensibilisation. C’est pourquoi, les comités locaux de sécurité routière incluent diverses franges de la population telles que les transporteurs ou encore les guides religieux. Cela permet de faire réellement passer le message véhiculé par le ministère.
La stratégie mise en place par le ministère compte mettre également un accent particulier sur la formation des acteurs du transport pour une véritable prise de conscience sur la question de la sécurité routière.
Il faut rappeler que depuis 2014, le ministère des transports a entreprit plusieurs réformes dont l’institution d’une formation obligatoire pour les conducteurs professionnels sanctionné par un certificat d’aptitude de conducteurs routiers (CACR) renouvelable chaque 2 ans.
Ainsi, par l’entremise de divers projets initiés par le Ministère des transports et financés par des partenaires au développement, les capacités matériels de l’OSER ont été renforcées et l’office a été doté d’un équipement de pointe constitué de 4 véhicules lourds de formation et de 4 simulateurs dont deux simulateurs poids lourds et 2 simulateurs légers. Ce dispositif contribue à moderniser les formations à l’endroit des usagers notamment: - Les moniteurs d’auto-écoles ;
- Les conducteurs professionnels ;
- Les gérants d’entreprises de transport.
Le conducteur reste la plus importante des trois composantes de la sécurité routière (le conducteur, le véhicule et la route). C’est pourquoi, l’offre de formations des conducteurs professionnels insiste sur la conduite préventive et rationnelle ainsi que sur l’entretien préventif du véhicule.
Enfin, des opérations coups de poing sont périodiquement menées en particulier lors des périodes de grande mobilité telles que la période de pâques ou encore celle de la fin de l’année. Cependant, ces opérations doivent être multipliées autant que possible.
Invest Afrique rédaction