Niger : manifestations contre la présence militaire française et la vie chère
Présence des forces étrangères sur leur sol, hausse des prix : à l’appel de la société civile, des Nigériens ont décidé de se faire entendre.
A l’appel du mouvement M62 qui rassemble des organisations de la société civile et se décrit comme « pacifique » et engagé pour « la dignité et la souveraineté du peuple nigérien », plusieurs centaines de personnes ont manifesté pacifiquement ce dimanche 18 septembre, dans les rues de la capitale nigérienne Niamey, pour protester notamment contre la force antidjihadiste française Barkhane.
Aux cris de « Barkhane dehors », « À bas la France », « Vive Poutine et la Russie », les manifestants ont sillonné quelques rues de la capitale avant de tenir un meeting devant le siège de l’Assemblée nationale. Une première mobilisation réussie pour les organisateurs, alors que les manifestations de rue sont interdites à Niamey depuis 2018, officiellement à cause de l’insécurité grandissante.
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Exiger le départ des forces françaises
Certains manifestants arboraient des drapeaux de la Russie et brandissaient des pancartes hostiles à la France et à Barkhane. « Dégage l’armée française criminelle » ou « L’armée coloniale Barkhane doit partir », pouvait-on lire sur certaines pancartes dans cette manifestation autorisée par les autorités municipales de Niamey. Quelque 3 000 militaires français sont toujours déployés dans le Sahel – et notamment au Niger, un des principaux alliés de Paris – après leur retrait total du Mali. La force Barkhane avait été chassée par la junte au pouvoir au Mali depuis 2020, qui est soupçonnée de travailler avec le groupe paramilitaire russe Wagner.
En avril, les députés nigériens avaient largement voté en faveur d’un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur le territoire, notamment françaises, pour combattre les djihadistes. « Il y a des slogans anti-français parce que nous exigeons le départ immédiat de la force Barkhane au Niger qui aliène notre souveraineté et qui est en train de déstabiliser le Sahel », a affirmé à l’AFP Seydou Abdoulaye, le coordonnateur du Mouvement M62.
Vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de l’ex-président révolutionnaire du Burkina Faso Thomas Sankara, il a accusé l’ancienne puissance coloniale d’un « soutien actif » aux « djihadistes qui ont répandu le terrorisme à partir du Mali », voisin du Niger et du Burkina Faso. Le mois dernier, le gouvernement malien avait accusé la France de soutenir des groupes djihadistes, des déclarations « insultantes » pour Paris.
Le Mouvement M62 a également annoncé avoir lancé « une pétition en ligne contre la présence de Barkhane au Niger », dont le texte demande que le régime du président Mohamed Bazoum la « fasse partir de [leur] pays », ainsi que « toute autre force maléfique dont l’objectif est de déstabiliser et/ou piller les ressources d[u] pays et du Sahel ».
Ces derniers mois, plusieurs manifestations anti-présence française ont eu lieu au Sahel, notamment fin novembre 2021 lorsqu’un convoi militaire de Barkhane avait été bloqué et caillassé au Burkina Faso puis au Niger. Trois manifestants avaient été tués à Téra, dans l’ouest du Niger, dans des tirs imputés par le gouvernement nigérien à ses forces ou aux forces françaises. Les enquêtes n’avaient pas pu déterminer avec certitude qui étaient les auteurs des tirs, les autorités nigériennes estimant cependant qu’ils étaient probablement français. La France et le Niger avaient tous deux annoncé vouloir dédommager les familles des victimes.
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Source : Le point