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Economie

Inflation, guerre, hausses de taux: l’année 2022 secouée par des chocs multiples

Des milliards de dollars partis en fumée sur les places boursières internationales, des crises sur les marchés obligataires, des fluctuations en dents de scie sur les changes et les matières premières, sans compter l’effondrement d’acteurs majeurs du monde des “crypto” : l’année 2022 aura été sans aucun doute l’une des plus mouvementées que les investisseurs aient connue.

A quelques jours du nouvel an, les grandes places boursières internationales accusent près de 14.000 milliards de dollars de pertes depuis le début de l’année et se dirigent vers leur deuxième plus mauvaise performance annuelle.

Derrière cette déroute boursière, la guerre en Ukraine, une hausse des prix à un rythme effréné et la persistance de l’épidémie de COVID-19 en Chine.

Les emprunts d’Etat américains et allemands, valeurs refuge en période de crise, ont perdu respectivement 16% et 24% en dollars.

L’investisseur américain Jeffrey Gundlach, fondateur de DoubleLine Capital et surnommé sur les marché le “roi de l’obligation”, affirme que les conditions ont été à certains moments si mauvaises que son équipe a trouvé qu’il était presque impossible de négocier pendant plusieurs jours.

“Il y a eu une grève des acheteurs”, a-t-il déclaré. “Et c’est compréhensible car les cours n’ont fait que baisser jusqu’à récemment”.

Avec l’importante remontée des taux de la Réserve fédérale (Fed), le rendement du Treasuries à dix ans est passé de 1,5% à 1,8% sur le seul mois de janvier et l’indice MSCI Monde a cédé 5%.

Ce rendement tourne désormais autour de 3,67%, les actions mondiales affichent une chute d’environ 20% sur l’année tandis que les cours du pétrole ont explosé de 80% avant de s’effondrer.

La Fed a relevé ses taux de 400 points de base et la Banque centrale européenne de 250 points, un record, alors même qu’elle jugeait à la même époque l’année dernière qu’un resserrement de sa politique monétaire était peu probable.

L’indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, a gagné près de 9%. La devise enregistre une progression de 12,5% face au yen, qui a bénéficié d’un coup de pouce inattendu après l’assouplissement par la Banque du Japon de son contrôle des obligations souveraines.

Côté émergents, l’inflation et la politique monétaire de la Turquie ont fait perdre 28% à la livre mais le marché boursier du pays réalise la meilleure performance au monde.

L’Egypte, en grandes difficultés économiques, a dévalué sa monnaie de plus de 36% et le Ghana, en situation de défaut, a vu sa devise s’effondrer de 60%. Le rouble russe, qui a dans un premier temps dégringolé après l’invasion de l’Ukraine en mars, est la deuxième monnaie la plus performante au monde grâce au contrôle des capitaux de Moscou.

Robert Alster, directeur des investissements chez Close Brothers Asset Management, rappelle le coup de massue subi par la livre sterling et les marchés obligataires britanniques avec le flou entourant le financement du projet de budget du gouvernement de Liz Truss.

Le rendement des “gilts” à dix ans a grimpé de plus de 100 points de base et la livre a perdu 9% en quelques jours, des mouvements d’une rare ampleur sur les marchés principaux.

La flambée des taux d’intérêt a également fait perdre 3.600 milliards de dollars aux grands noms du puissant secteur technologique. Meta Platforms, maison-mère de Facebook, et Tesla ont tous deux dévissé de plus de 60% tandis que Alphabet et Amazon ont perdu 40% et 50% respectivement. Les actions chinoises ont connu une reprise tardive avec la sortie de la stratégie dite “zéro COVID” mais elles sont toujours en baisse de 25%.

Les introductions en Bourse et les ventes d’obligations ont également chuté presque partout, sauf au Moyen-Orient, tandis que les matières premières représentent la classe d’actifs la plus performante pour une deuxième année consécutive.

Le gaz naturel affiche la plus forte progression dans cette catégorie avec une croissance de plus de 50% qui s’explique avant tout par la guerre en Ukraine.

Les craintes liées à la récession et au projet de l’Union européenne de cesser toute importation du produits pétroliers russes dès le 5 février font que le Brent a perdu la totalité des gains (80%) enregistrés sur les trois premiers mois de l’année, tout comme le blé et le maïs.

L’année 2022 a été agitée aussi sur le marché des cryptomonnaies où 1.400 milliards de dollars se sont envolés avec notamment l’effondrement de l’empire FTX, de la plate-forme Celsius et du stablecoin terraUSD.

Le bitcoin, la plus connue des cryptomonnaies, est en passe de boucler 2022 sur un repli de 60%.

“Ce qui s’est passé sur les marchés mondiaux cette année a été traumatisant”, a déclaré Stefan Gerlach, économiste en chef d’EFG Bank et ex-gouverneur adjoint de la Banque centrale d’Irlande.

“Mais si les banques centrales n’avaient pas sous-estimé la hausse de l’inflation de manière aussi spectaculaire et n’avaient pas dû faire grimper les taux d’intérêt, cela n’aurait pas été aussi catastrophique”.

(Reportage Marc Jones, avec Vincent Flasseur et Pasit Kongkunakornku pour les graphes, version française Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)

par Marc Jones

Source : zonebourse

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