L’Afrique de l’Ouest confrontée à la cybercriminalité
La lutte contre la cybercriminalité demeure une problématique pour les États africains. Les banques et opérateurs de télécommunications en Afrique de l’Ouest sont principalement visés dans cette région qui depuis le début des années 2000 est confrontée à ce phénomène. Yena Kignaman Soro, experte et consultante en cybersécurité, invite à renforcer les stratégies pour lutter efficacement contre la cybercriminalité.
Une cyberattaque a lieu dans le monde toutes les 39 secondes selon une évaluation des Nations unies. En Afrique, selon un rapport du Groupe IB, une structure basée à Singapour et spécialisée dans la cybersécurité, entre 2018 et 2022, plus de 30 attaques contre des institutions ont été menées par un groupe de hackers dénommé Opera 1er, qui a dérobé au moins 11 millions de dollars. Douze pays en ont été victimes, dont huit pays ouest-africains: le Sénégal, le Nigeria, le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo, la Sierra Leone et le Niger.
Les banques, les services financiers et les opérateurs de communication sont les cibles privilégiées des cyberattaquants. L’arnaque pour certains d’entre eux s’effectue par «l’envoi d’e-mails ou de spams pour vous faire comprendre que vous êtes bénéficiaire d’un héritage», explique Yena Kignaman Soro, experte et consultante en cybersécurité, rappelant le phénomène des «brouteurs» qui aujourd’hui persiste dans certains pays comme la Côte d’Ivoire.
Le Nigeria
En 2021, le Nigeria a été classé 16e au classement des pays les plus touchés par la cybercriminalité dans le monde, par le FBI américain. Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, les cybercrimes contre la vie privée comprennent des attaques liées à l’introduction de virus dans les systèmes informatiques, le piratage, les violations des droits de propriété intellectuelle et celles des droit d’auteur, etc.
En mai dernier, le chef présumé d’un groupe de cybercriminels âgé de 37 ans a été arrêté au Nigéria par l’unité chargée de la cybercriminalité de la police nigériane, dans le cadre d’une opération internationale. Le suspect est accusé d’être à l’origine de campagnes massives d’hameçonnages et d’escroqueries aux faux ordres de virements, ciblant des entreprises et des particuliers.
Dans leur lutte contre ce fléau, les autorités nigérianes ont décidé de s’associer à d’autres États pour mettre fin à ce phénomène. Le 22 août dernier, dans un communiqué, le conseiller à la sécurité nationale, Babagana Monguno, a annoncé que le pays rejoignait officiellement 66 États du monde en signant et en ratifiant la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.
Une dimension mystique
En Afrique de l’Ouest, précisement en Côte d’Ivoire ou Bénin, les cybercriminels, pour pouvoir atteindre leur objectif, s’adonnent à des pratiques mystiques, fait savoir Yena Kignaman Soro. «Ils consultent des marabouts ou des guérisseurs traditionnels pour favoriser leurs chances dans la réalisation de leurs méfaits», affirme-t-elle, notifiant l’implication des familles dans ces arnaques.
Lutter efficacement contre la cybercriminalité
Face à ce phénomène, Kignaman Soro propose d’investir davantage dans la sensibilisation des populations, invitant à renforcer les stratégies déjà déployées, à les maintenir opérationnels sur le long terme, tout en favorisant un partenariat entre les acteurs du secteur privé et public.
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Source : Vatican News