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Economie

Le ministre des Finances de la RDC: «Le trafic des minerais nous fait perdre un milliard de dollars chaque année»

La contrebande des ressources minières en RDC ne date pas d’aujourd’hui. Cette activité est devenue, depuis plusieurs années, un business lucratif pour de nombreux réseaux, y compris des mouvements rebelles, comme le M23, installés à l’est du pays, accusés par les autorités de la RDC d’être derrière ce trafic.
Un milliard de dollars. C’est ce que coûte chaque année le trafic de minerais comme l’or, le diamant, le tungstène, l’étain et le cobalt à la République démocratique du Congo (RDC). La révélation a été faite par le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi dans une récente interview au Financial Times. Selon lui, une grande partie de ces tonnages serait acheminée au Rwanda, pays voisin.

D’après Jacques Mukena, spécialiste gouvernance et économie à l’Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, cité par RFI, ce montant serait sous-estimé, puisque basé uniquement sur des estimations sur la base des exportations du Rwanda et de l’Ouganda, qui disposent d’unités de transformation. «C’est sur la base de l’exportation de ces raffineries qu’on peut savoir plus ou moins la quantité que ces deux pays exportent (…) C’est difficile de savoir quelle quantité traverse par les voies illégales», précise-t-il.

La contrebande des ressources minières en RDC ne date pas d’aujourd’hui. Cette activité est devenue, depuis plusieurs années, un business lucratif pour de nombreux réseaux, y compris des mouvements rebelles, comme le M23, installée à l’est du pays. Un phénomène confirmé par plusieurs rapports d’ONG ou organismes internationaux.

LIRE AUSSI : RDC : Primera Gold a exporté 207 kilos d’or artisanal en 45 jours

En mars 2022, le Département d’Etat américain avait annoncé, dans un communiqué, des sanctions contre le raffineur d’or Alain Goetz et son réseau, qui s’active dans le transfert illicite d’or de la RDC vers l’Ouganda. «Alain Goetz et ses sociétés font le commerce de l’or en provenance des régions contrôlées par des groupes armés engagés dans le conflit en RDC (…) L’or des conflits fournit la plus grande source de revenus aux acteurs armés dans l’est de la RDC, en particulier les groupes armés qui profitent de la fiscalité illégale, du pillage des mines, et de la collaboration avec les contrebandes», indiquait l’institution dans un communiqué.

Transformer localement

Pour lutter contre ces pratiques illégales, l’Etat congolais a lancé, en janvier 2023, une coentreprise dénommée Primera Gold DRC, en partenariat avec les Emirats arabes unis. L’entreprise achètera directement de l’or auprès de mineurs artisanaux de la province du Sud-Kivu et l’exporter vers Dubaï. Son objectif: exporter entre 15 et 25 tonnes d’or par an. Elle prévoit également de collaborer avec des entreprises très actives dans l’industrie aurifère en RDC, comme Gécamines, Sakima et Sokimo. D’après le ministre congolais des Finances, Primera Gold DR a exporté plus de 450 kg d’or artisanal depuis sa création, contre 34 kg officiellement enregistrés l’année dernière.

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Rappelons que Kinshasa avait signé un protocole de coopération avec la société rwandaise Dither Ltd pour le raffinage de l’or extrait par la compagnie congolaise Sakima. Mais l’année dernière, le président Félix Tshisekedi a décidé de rompre cet accord, en réponse, selon lui, au soutien de Kigali aux rebelles du M23. «Certains de nos voisins ont préféré continuer à emprunter ce chemin parsemé d’embûches et surtout de sang de nos compatriotes», avait-il déclaré. Des allégations réfutées à maintes reprises par son homologue rwandais, Paul Kagamé.

Au-delà de cette volonté d’assurer la traçabilité de ses ressources en or, à travers son partenariat avec les Emirats arabes unis, la RDC gagnerait aussi à investir dans la construction de raffineries qui lui permettront de créer de la valeur ajoutée et ne plus exporter uniquement des matières brutes. Une industrie locale qui permettra à ce pays, au sous-sol immensément riche, de mieux profiter de ses richesses naturelles.

Source : Le360 Afrique

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