En Côte d’Ivoire, la viande porcine brésilienne progresse face à une filière locale à la peine

Agence Ecofin – En Côte d’Ivoire, la viande porcine est la deuxième source privilégiée de protéines animales après celle bovine. Alors que le pays importe une grande partie de ses besoins, le Brésil renforce depuis quelques années sa position sur ce marché en plein essor.
La Côte d’Ivoire veut renforcer son approvisionnement en viande porcine depuis le Brésil. Dans un communiqué publié le mercredi 5 février sur sa page Facebook, le ministère des Ressources Animales et Halieutiques a révélé que le pays d’Amérique du Sud s’est engagé à fournir au secteur local de l’élevage 25 000 tonnes de viande de porc. Ce nouveau développement confirme la place de plus en plus importante que prend le porc brésilien sur le marché ivoirien.
Un appétit qui se renforce depuis 2019
Les données compilées par l’Association brésilienne des protéines animales (ABPA) dans son rapport annuel pour 2024 révèlent que les achats ivoiriens ont augmenté de 28,46% en moyenne par an, passant de seulement 6 674 tonnes en 2019 à 18 170 tonnes en 2023.
Cette dynamique a fait la Côte d’Ivoire dépasser la République démocratique du Congo pour devenir la 2ᵉ destination africaine de viande porcine brésilienne en 2023 derrière l’Angola, alors qu’elle ne représentait que le 13ᵉ débouché pour la filière brésilienne en 2019.
Dans son rapport sur l’industrie de la transformation alimentaire publié en novembre 2024, le département américain de l’Agriculture estimait que la Côte d’Ivoire a importé pour plus de 96 millions USD de viande porcine en 2023, depuis la Pologne (18%), le Brésil (16%) et l’Allemagne (13%).
En augmentant leurs volumes vers la première économie de l’UEMOA, les acteurs brésiliens tirent d’abord profit de l’engouement pour la viande de porc en zones urbaines et péri-urbaines, notamment dans la capitale Abidjan. Des plats comme le kédjénou de porc ou le porc braisé sont ainsi plébiscités par les consommateurs, stimulant la demande globale pour la viande et ses importations.
Les données compilées par la FAO indiquent qu’en Côte d’Ivoire, le volume des achats de viande de porc et de produits dérivés a augmenté de 21,41% en moyenne par an, passant de 55 712 tonnes en 2019 à 121 055 tonnes en 2023.

Une filière plombée par la peste porcine africaine et en quête de répit
Le recours croissant à l’importation de viande porcine du Brésil est surtout symptomatique d’une filière ivoirienne qui n’arrive pas encore à prendre ses marques. Si sur le papier, la hausse de la consommation fournit un terreau favorable à l’investissement privé, sur le terrain, les choses sont un peu plus compliquées. D’après la FAO, la production locale a stagné autour de 11 000 tonnes entre 2019 et 2023.
Selon plusieurs observateurs du marché, cette situation est le résultat d’une faible vulgarisation des bonnes pratiques d’élevage, d’un financement insuffisant des producteurs et surtout de la multiplication des épizooties de peste porcine africaine (PPA) dans le Nord et le Nord-Est. La maladie hautement contagieuse peut entraîner des taux de mortalité atteignant 100% chez les élevages touchés.
D’après les données officielles, le pays a connu entre 2015 et 2023 5 épizooties de PPA qui ont occasionné des pertes directes de 9,2 milliards FCFA (environ 15 millions USD) dans la filière porcine. En avril 2024, le ministère des Ressources Animales et Halieutiques déclarait un foyer de PPA dans le département de Daloa, situé dans le Centre-ouest. Selon ses services vétérinaires, plus de 100 000 têtes de porcs ont été abattues pour lutter contre cette épizootie qui a engendré 20 milliards FCFA de pertes financières.
En plus d’être un nouveau coup dur pour l’ensemble de la filière, cette dernière apparition de la PPA représente un sérieux défi pour les ambitions de croissance affichées par le gouvernement pour la production locale de viande porcine. Dans le cadre de la Politique nationale de développement de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture (PONADEPA) lancée pour la période 2022-2026 pour un coût total de 1049 milliards FCFA, le MIRAH ciblait une production de 25 000 tonnes de viande de porc.
Certains projets de développement de la filière sont déjà en cours de réalisation. Le ministère a ainsi lancé en février 2023 le Projet de Développement de la Filière Porcine (PRODEF-Porc) qui prévoit la construction du Centre d’Apprentissage et de Spécialisation aux métiers de la Filière Porcine (CAS-Porc). Ce centre sera dédié à la formation pratique d’éleveurs, notamment en insémination artificielle et en techniques d’amélioration génétique, avec une attention particulière portée aux jeunes et aux femmes.
LIRE LA SUITE ICI : En Côte d’Ivoire, la viande porcine brésilienne progresse