Comment Baba Ahmadou Danpullo est devenu l’homme le plus riche du Cameroun

Depuis ses débuts dans la culture du thé à la possession de l’un des plus grands portefeuilles immobiliers privés d’Afrique du Sud, son histoire est une histoire de clin d’œil, de vision et d’ambition calculée.Depuis ses débuts dans la culture du thé à la possession de l’un des plus grands portefeuilles immobiliers privés d’Afrique du Sud, son histoire est une histoire de clin d’œil, de vision et d’ambition calculée.
Le voyage de Baba Ahmadou Danpullo d’un chauffeur de camion à l’homme le plus riche du Cameroun témoigne de la résilience, de la prise de risques stratégiques et d’une quête incessante d’opportunités. Au cours des quatre dernières décennies, il a construit un empire de plusieurs milliards de dollars couvrant les télécommunications, l’immobilier, l’agriculture et la logistique, se positionnant parmi les magnats d’affaires les plus puissants d’Afrique.
Avec une valeur nette estimée à plus de 900 millions de dollars, la perspicacité commerciale de Danpullo lui a permis de gérer les récessions économiques, les batailles juridiques et l’évolution de la dynamique du marché tout en continuant à étendre son empreinte à travers l’Afrique et au-delà.
Depuis ses débuts dans la culture du thé à la possession de l’un des plus grands portefeuilles immobiliers privés d’Afrique du Sud, son histoire est une histoire de clin d’œil, de vision et d’ambition calculée.
De chauffeur de camion à magnat des affaires
Née dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, les instincts d’entreprise de Baba Ahmadou Danpullo ont émergé très tôt. Sa première entreprise a été la culture et le transport de thé, une industrie qui a jeté les bases de son futur empire. Cependant, sa véritable percée est intervenue dans les années 1980 lorsqu’il a obtenu l’accès aux principales licences d’importation et au financement – deux ressources essentielles qui propulsaient son entreprise.
Sa fortune a pris une tournure lorsque Youssoupha Daouda, alors ministre camerounais de l’économie et de la planification, a reconnu son potentiel commercial et lui a accordé des licences d’importation lucratives pour le riz et la farine – deux produits de base à forte demande. À peu près à la même époque, Sadou Hayatou, directeur de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Cameroun, a approuvé un prêt de 500 millions de francs CFA (820 000 dollars), donnant à Danpullo la force financière nécessaire pour développer son activité d’importation.
Armé de capitaux et de droits commerciaux exclusifs, Danpullo a construit une opération d’importation florissante, cimentant sa réputation d’homme d’affaires redoutable. Mais il ne s’est pas arrêté là-bas, sa véritable stratégie était la diversification. Au fil des ans, il s’est étendu à de multiples industries, s’assurant que sa richesse n’était pas liée à un seul secteur.
Construire un conglomérat de plusieurs milliards de dollars
La capacité de Danpullo à identifier les opportunités en période d’incertitude économique a été une caractéristique de sa carrière. Lorsque les économies africaines ont connu un ralentissement en 2015, de nombreux chefs d’entreprise l’ont jouée en toute sécurité. Danpullo a adopté l’approche opposée – il a investi de manière agressive.
Cette année-là, il injecte 4 milliards de francs CFA (6,6 millions de dollars) à l’agrandissement de sa moulin à farine, Moulin Coq Rouge (MCR), doublant ainsi la capacité de production. Dans le même temps, il a renforcé ses investissements dans les télécommunications, un secteur qui commençait à s’envoler au Cameroun. Son opérateur de réseau mobile, Nexttel Cameroun, a enregistré une forte augmentation de 54 % de son activité, entraînant des revenus de 21 milliards de francs CFA (34,6 millions de dollars).
Aujourd’hui, par l’intermédiaire du groupe Baba Ahmadou, Danpullo supervise les opérations au Cameroun, en Afrique du Sud, au Nigeria et en Suisse. Sa philosophie d’investissement est simple : la diversification est égale à la stabilité. En étalant ses actifs dans diverses industries, il a créé un coussin financier qui lui permet de résister aux fluctuations du marché sans subir de pertes importantes.
Dominence des télécommunications au Cameroun
L’une des initiatives les plus stratégiques de Danpullo était l’entrée dans le secteur des télécommunications. Il détient une participation de 49 % dans Nexttel (Viettel Cameroon SA), le premier opérateur 3G du Cameroun, qui a été lancé en 2014.
Au cours des années qui se sont écoulées depuis son lancement, Nexttel a rapidement gagné des parts de marché, portant la base de ses abonnés à 3,6 millions et employant directement plus de 1 000 personnes. Au-delà de sa main-d’œuvre directe, Nexttel a également généré plus de 60 000 emplois secondaires, ce qui en fait un contributeur majeur à l’économie numérique du Cameroun.
La société a investi 250 milliards de francs CFA (411,5 millions de dollars) dans les infrastructures, ce qui a renforcé sa position en tant qu’acteur clé de l’industrie des télécommunications du pays.
Empire immobilier en Afrique du Sud
Au-delà du Cameroun, Danpullo s’est fait un nom dans le secteur de l’immobilier en Afrique du Sud, où il possède l’un des plus grands portefeuilles immobiliers indépendants du pays. Ses actifs comprennent des bâtiments commerciaux de premier choix, des centres commerciaux et des tours de grande hauteur à Johannesburg, au Cap et à Port Elizabeth.
Son portefeuille comprend Marble Towers à Johannesburg, le siège de Mitsubishi à Sandton et Norton Rose House au Cap. En sécurisant les actifs immobiliers dans les plateformes financières africaines, Danpullo a assuré un flux régulier de revenus tout en augmentant son influence sur le marché immobilier du continent.
De l’agriculture à l’expansion maritime
Malgré ses vastes intérêts commerciaux, l’agriculture reste au cœur de l’héritage de Danpullo. Son ranch d’Elbe, fondée en 1976, est l’une des plus grandes exploitations d’élevage privé en Afrique, qui gère plus de 20 000 Charolais et Blonde d’Aquitaine, 3 000 chevaux andaloux et des milliers de moutons et de chèvres.
En outre, son domaine du thé camerounais et son domaine du thé des hauts plateaux de Ndawara cultivent plus de 10 000 hectares de terres, produisant 8 000 tonnes de thé par an, dont 80 % sont exportés. Ses entreprises agricoles ont non seulement construit sa fortune, mais ont également fourni des milliers d’emplois, renforçant la position du Cameroun en tant que premier producteur de thé.
L’empire des entreprises de Danpullo continue d’évoluer. En 2024, il lance la Société camerounaise des Portiports, marquant son entrée dans la logistique maritime. Reconnaissant la demande croissante de solutions de transport efficaces à travers l’Afrique, il se positionne au centre de l’expansion du commerce et de la chaîne d’approvisionnement du continent.
Combats juridiques et risques commerciaux
Bien que l’ascension de Danpullo ait été remarquable, elle n’a pas été sans défis. En 2017, il a été victime d’une escroquerie immobilière de 500 000 dollars, un revers mineur comparé à la bataille juridique très médiatisée à laquelle il serait confronté plus tard en Afrique du Sud.
En 2017, il a obtenu un prêt de 520 millions de rand (28,6 millions de dollars) pour acquérir 1 bâtiment Thibault au Cap. En 2020, la banque sud-africaine de FNB a tenté de s’emparer de ses propriétés – une valeur de 4 milliards de rands (220,1 millions de dollars) – sur des dettes impayées présumées. Danpullo a farli de contester les affirmations, faisant valoir qu’il s’était acquitté de ses obligations et que les actions de la banque étaient injustes.
Ses batailles juridiques s’étendent au-delà de l’Afrique du Sud. Au Cameroun, il a poursuivi avec succès MTN Cameroun, gelant les comptes bancaires du géant des télécommunications dans un conflit à enjeux élevés. L’affaire a contraint MTN à obtenir des prêts d’urgence pour poursuivre ses opérations, démontrant ainsi l’influence de Danpullo dans le paysage d’entreprise camerounais.