Burkina Faso, Mali et Niger : ces pays du Sahel misent sur les ports marocains pour accéder à la mer

En s’alliant avec le Maroc pour sécuriser un accès direct à l’Atlantique, les pays sahéliens du Burkina Faso, du Mali et du Niger réorganisent leur géographie économique. Une décision qui pourrait redistribuer les cartes pour les ports de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Togo.
Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger, réunis lundi à Rabat, ont exprimé leur appui à un projet structurant : accéder aux marchés internationaux via les infrastructures portuaires marocaines. Ce geste marque un tournant pour la Confédération des États du Sahel (AES), née du retrait de ces pays de la CEDEAO, à la suite des sanctions commerciales qui ont suivi les récents coups d’État militaires.
Le projet marocain, présenté en novembre dernier, intervient alors que l’Alliance des États du Sahel (AES) cherche des solutions concrètes pour contourner les sanctions imposées par la CEDEAO. Ce partenariat pourrait transformer profondément les chaînes logistiques de la sous-région, en redirigeant les flux commerciaux vers le port de Dakhla, infrastructure stratégique en construction, dont le coût avoisine 600 milliards FCFA.
Longtemps dépendants des ports d’Abidjan, de Lomé ou encore de Cotonou pour leurs échanges internationaux, ces pays enclavés cherchent à diversifier leurs routes commerciales, dans un contexte de rupture avec la CEDEAO et de sanctions économiques. Ce réalignement pourrait affecter directement la Côte d’Ivoire, dont le port d’Abidjan constitue l’un des principaux corridors logistiques pour le Mali et le Burkina. Un détournement partiel de ces flux vers le Maroc réduirait significativement les recettes portuaires et douanières du pays.
Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement géopolitique des régimes sahéliens, désormais en rupture avec les puissances occidentales et tournés vers d’autres alliés, comme la Russie. Mais au-delà des alliances militaires, c’est bien l’économie régionale qui pourrait connaître un tournant avec cette ouverture vers l’Atlantique.
Le Maroc a investi massivement dans la région, notamment dans l’agriculture et le secteur bancaire, et construit actuellement un port d’un milliard de dollars à Dakhla, dans le territoire contesté du Sahara occidental, pour développer ses infrastructures maritimes et affirmer son contrôle.
En décembre, le Maroc a joué un rôle diplomatique clé en négociant la libération de quatre citoyens français emprisonnés au Burkina Faso. Cette décision est intervenue peu après la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, rapprochant ainsi davantage Rabat des dirigeants émergents du Sahel.