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Economie

Fin des subventions aux carburants au Nigeria: réactions en chaîne attendues en Afrique de l’Ouest et centrale

Aussitôt installé au fauteuil de président de la première puissance économique et démographique du continent, le nouveau président nigérian Ahmed Bola Tinubu a annoncé la fin immédiate des subventions aux carburants. Avec la restauration de la sécurité, c’était une de ses promesses électorales. La mesure s’est traduite par le triplement du prix des carburants induisant ceux des transports et des produits qui en dépendent. Outre les syndicats et les citoyens nigérians, la mesure est surveillée de près par les pays voisins.

Le «Faiseur de roi» devenu «roi» compte désormais imposer sa feuille de route. A peine investi, et en annonçant la fin immédiate des subventions aux carburants, le nouveau président nigérian Bola Tinubu a pris une mesure très impopulaire, là où ces prédécesseurs avaient échoué

Suite à cette annonce du président, les Nigérians se sont rués sur les stations pour s’approvisionner en carburants. Des files d’attente interminables se sont formées dans les grandes villes du pays. Une panique qui a poussé l’équipe de communication de la présidence d’apporter des précisions en soulignant que la mesure prise par le président rentrera en vigueur fin juin courant, comme l’avait budgétisé l’administration de l’ex-président Buhari.

Seulement, la Compagnie nationale pétrolière (NNPC) a ajusté ses prix à la pompe dans ses différents points de vente, actant la fin des subventions. Résultat: les prix ont quasiment triplé.

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Le litre d’essence est passé, à Lagos de 190 nairas (30 centimes d’euro) avec la subvention à 500 nairas (1 euro). A Kaduna, la grande ville du nord du pays, le prix du litre d’essence est passé de 197 nairas (0,40 euro) à 540 nairas (1,10 euro).

Les transporteurs n’avaient d’autres choix que d’augmenter leurs tarifs urbains et de marchandises. Les chauffeurs de taxi ont zux aussi triplé leurs tarifs. A Abuja, les courses facturées à 1.500 nairas se font désormais entre 3.000 et 3.500 nairas. Alors, les habitants de ces villes limitent, autant que possible, leurs déplacements.

Et par effet boule de neige, ce sont les prix de tous les produits qui commencent à augmenter. A titre d’exemple, le prix d’un sac de garri, aliment largement consommé au Nigeria à base de manioc, le coût d’un sac de 50 kg est passé de 35.000 nairas (70 euros) à 45.000 nairas (91 euros). Les Nigérians, déjà confrontés à une inflation à deux chiffres dépassant les 20%, n’en peuvent plus.

Cette situation suscite l’inquiétude chez les Nigérians. Et pour cause, du fait des capacités électriques faibles et un taux d’électrification bas, beaucoup de citoyens et d’entreprises du pays recourent aux groupes électrogènes pour leur alimentation en électricité, tirant profit d’un carburant subventionné et donc bon marché.

Avec le triplement des prix de l’essence, les coûts de production de cette électricité vont connaitre la même évolution, augmentant sensiblement les charges aussi bien pour les ménages que les entreprises, notamment les startups et les Très Petites et moyennes entreprises (TPME).

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Reste à savoir si le pouvoir tiendra, ou non, cette fois-ci. Plusieurs raisons peuvent contribuer au succès de cette mesure. D’abord, le coût des subventions est devenu insupportable pour le budget de l’Etat. En effet, la facture de la subvention des carburants a dépassé les 10 milliards de dollars en 2022. Et pour 2023, l’ancien gouvernement de l’ex-président Muhammadu Buhari avait budgétisé une enveloppe de 7,3 milliards de dollars pour financer les subventions à la pompe durant les six premiers mois de l’année.

Selon la Compagnie nationale pétrolière (NNPC), l’Etat accuse déjà des impayés de l’ordre de 6,1 milliards d’euros au titre des subventions qu’il devrait régler. La facture des subventions correspond à 25% du budget fédéral et contribue à creuser le déficit budgétaire. C’est dire que le coût des subventions est devenu insupportable pour l’Etat fédérale alors que ce montant pourrait être orienter vers d’autres secteurs sociaux (éducation, santé…).

Ensuite, ayant fait de cette suppression des subventions une de ses principales promesses de campagne, le nouveau président peut se targuer d’avoir annoncé la couleur et d’avoir demandé le suffrage universel sans cacher au peuple sa volonté de supprimer ces subventions. En clair, il n’a fait qu’appliquer sa promesse de campagne, ce qui en soit est une mesure à inscrire à son actif.

En outre, l’élection présidentielle venant juste de se terminer, Bola Tinubu n’a donc aucune échéance électorale dans le proche avenir et ne craint pas de possibles revers électoraux.

Par ailleurs, si le président a affiché aussi rapidement sa décision, c’est que les carburants subventionnés, importés dans leur quasi-totalité, seront bientôt totalement produit localement grâce à l’investissement réalisé par l’homme d’affaires Aliko Dangote dont la raffinerie dotée d’une capacité de 650.000 barils par jour va permettre au Nigeria d’arrêter les importations de carburants dès le démarrage de la commercialisation de ses produits raffinés. Utilisant le brut nigérian et raffiné sur place, le prix du carburant pourrait baisser considérablement par rapport à celui importé d’Europe et qui supporte les coûts de fret et de logistique.

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