Traçabilité des bagages dans les aéroports: moins du tiers des transporteurs aériens africains suffisamment outillés
Malgré les progrès de l’industrie aérienne mondiale dans la réduction des bagages égarés, l’Afrique accuse un retard préoccupant dans l’implémentation des normes de suivi des bagages.
Après des années d’efforts, l’industrie aérienne mondiale fait des progrès significatifs dans la réduction des bagages perdus grâce à la mise en œuvre de la Résolution 753 de l’IATA (Association internationale du transport aérien). Cette résolution oblige les compagnies aériennes à suivre les bagages à l’enregistrement, au chargement, au transfert et à l’arrivée. Cependant, l’Afrique accuse un retard préoccupant par rapport aux autres régions du monde. En 2021, 5% des bagages transportés dans le monde ont été déclarés perdus, c’est-à-dire non retrouvés au bout de 21 jours, selon la Société internationale de télécommunication aéronautique (Sita).
Dans une récente communication, l’IATA révèle que seuls 27% des transporteurs africains ont pleinement mis en œuvre cette norme, contre 88% en Chine et en Asie du Nord, 60% dans les Amériques et 40% en Europe et en Asie-Pacifique. Un constat alarmant qui souligne les défis logistiques et technologiques auxquels le continent est confronté.
«Bien que le taux mondial de bagages mal acheminés ait chuté de près de 60% entre 2007 et 2022, les voyageurs attendent mieux», admet Monika Mejstrikova, directrice des opérations au sol de l’IATA. En 2022, 7,6 bagages sur 1.000 passagers ont été égarés, dont la majorité retrouvés dans les 48 heures.
Si 75% des aéroports interrogés disposent des capacités requises par la Résolution 753, de fortes disparités existent selon leur taille. Seuls 61% des aéroports moyens (5 à 15 millions de passagers par an) sont aux normes, contre 75% des méga-plates-formes (plus de 40 millions).
Technologies de traçage en cause
L’essentiel du retard africain s’explique par un recours insuffisant aux technologies de pointe. Le scanner optique à codes-barres, moins performant, reste majoritaire (73% des aéroports). À peine 27% ont adopté la puce RFID, qui permet un suivi en temps réel bien plus efficace.
«Les méga-aéroports ont mieux intégré la RFID, avec 54% d’entre eux l’ayant déployée», tempère Mme Mejstrikova. Un constat qui montre que les plus grandes plateformes aériennes du continent auront les capacités de répondre aux normes de suivi des bagages.
Le RFID est une technologie de radiocommunication qui permet l’identification à distance d’objets ou de personnes grâce à des puces émettrices. Une puce RFID contient un petit émetteur-récepteur radio ainsi qu’une antenne dédiée qui lui permettent de transmettre des informations d’identification lorsqu’elle est sollicitée par un lecteur RFID. Le RFID offre un moyen automatique et sans contact de récupérer et transmettre des données, ce qui le rend très pratique pour le suivi et la traçabilité d’objets en mouvement comme les bagages.
Au-delà des technologies, l’IATA souligne les carences du système de messagerie qui relie les compagnies et leurs partenaires pour l’échange des données de traçabilité. L’obsolète système de messagerie de type B constitue un frein et une source d’erreurs.
Une transition vers le XML plus moderne est en cours, avec un premier pilote prévu en 2024. «Cela créera un langage commun et intelligible pour une communication efficace sur les bagages entre acteurs, ouvrant la voie à d’autres innovations», explique la responsable des opérations au sol de l’IATA.
L’Afrique doit investir massivement
Pour les experts, au vu de la croissance rapide du trafic aérien sur le continent, l’Afrique ne pourra faire l’économie d’investissements conséquents dans la modernisation de ses infrastructures aéroportuaires et la formation de ses personnels.
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